juillet 16, 2011

Le penny-stock trading

Ce livre traite de l’investissement dans les penny-stocks, ces valeurs qui s’échangent sous le prix psychologique d’un euro. L’auteur, Jean-David Haddad, en aborde rapidement les principaux aspects au travers de cinq chapitres, que l’on peut regrouper en trois parties.

Dans les deux premiers chapitres de cet ouvrage de plus de cent pages, l’auteur commence par introduire la notion de penny-stock, en expliquant les diverses raisons qui ont fait qu’un titre en arrive à coter moins d’un euro, puis expose l’intérêt d’investir dans les penny-stocks par rapport à un investissement classique.

La deuxième partie traite de la stratégie proprement dite et la sélection des titres à acheter, quand les acheter et quand les vendre. Il donne également quelques conseils sur leur intégration dans un portefeuille.

La dernière partie retrace l’histoire de deux sociétés emblématiques des penny-stocks françaises : Alstom et Eurotunnel.

Analyse – Quelle est la vraie stratégie de l’auteur ?

Rappelons que l’auteur définit une penny-stock comme une valeur dont le cours est à moins d’un euro. Plus précisément, il s’agit d’un titre dont le cours de bourse a chuté considérablement (d’un facteur 10 ou 100), principalement en raison d’une récurrence de mauvais résultats, de perspectives peu encourageantes (comme une faillite, par exemple), ou par une succession d’augmentations de capital ayant engendré une grosse dilution. Les penny-stocks sont donc pour l’essentiel des titres délaissés par la bourse.

De ce constat, l’auteur tire plusieurs raisons de s’intéresser à ce type d’investissement:

  1. Des titres sous-évalués – Parmi ces titres, certains sont purement massacrés, parfois à tort. Dans ce cas, l’achat permet de se placer à bon compte sur la valeur.
  2. Des faibles capitalisations – De par leur faible capitalisation, ces titres n’intéressent pas les fonds de pension. Investir dans les penny-stocks permet de jouer sur un autre terrain de jeu que les professionnels.
  3. L’arithmétique des décimales – En raison d’une cotation à deux chiffres, la volatilité d’un titre cotant sous l’euro est mathématiquement plus élevée que celle d’un titre « normal ». Sur ce point, nous ne partageons pas le point de vue de l’auteur. Tout d’abord, de plus en plus de titres sont cotés avec trois décimales. Ensuite, nous considérons que dans le cas de valeurs qui ont beaucoup chuté, la volatilité d’un titre est à double tranchant. Si l’investissement dans une penny-stock s’avère mauvais, il coûte cher. Il peut coûter jusqu’à 100% de la mise initiale.
  4. Le statut de recovery – Souvent, des titres sont massacrés par anticipation d’une très mauvaise nouvelle. Une bonne nouvelle peut subitement complètement changer la donne et inverser une tendance baissière.
  5. Une volatilité historique élevée – La forte chute du cours a engendré une volatilité historique très élevée. D’après l’auteur, cette volatilité fera exploser le rebond du titre, s’il a lieu. Et là, nous ne sommes pas du tout d’accord. Car la volatilité passée ne présage pas de la volatilité future. Le cours d’un titre ayant énormément chuter peut très bien se stabiliser pendant des années.

Finalement, maintenant que l’auteur nous a convaincus d’investir dans les penny-stocks, il propose quelques pistes pour savoir quand se placer, sur quel titre, et quand vendre. Nous avons tenté de résumer ses pensées, parfois peu claires et surtout très superficielles, ci dessous.

Voici comment l’auteur préconise d’acheter une penny-stock:

  1. Sélection des titres – Sélectionner parmi les titres dont le cours approche 1€ à la baisse ceux dont le ratio CA/CB est inférieur à 0,5, afin de s’assurer qu’il s’agit d’affaires sous-évaluées.
  2. Choisir le moment – L’auteur propose trois manières de déceler le meilleur moment pour investir :
  1. Jouer la psychologie en achetant aux alentours de 1,01€.
  2. Se fier à l’analyse technique, en achetant quand le cours coupe vers le haut une de ses deux bandes de Bollinger ou quand le SAR passe au dessous du cours. Il s’agit de méthodes chartistes standards, auxquelles nous ne connaissons rien, et que nous n’appliquerons jamais.
  3. Jouer l’augmentation de capital en se plaçant juste après l’annonce d’une augmentation de capital dont le succès semble acquis.

Enfin, l’auteur ne précise pas de durée de détention de penny-stocks dans un portefeuille. Il conseille toutefois vivement de vendre un titre si celui-ci passe en dessous de 0,9€ ou s’il se met à chuter brutalement. Nous restons sceptiques quant à cette stratégie, bien qu’elle nous semble cohérente à celle d’achat. En fait, tout dépend de l’approche d’investissement choisie : approche « value » (auquel cas on ne vend que si la valeur intrinsèque a baissé ou va baisser) ou approche chartiste (où là, en effet, il faut vite vendre si les choses ne se passent pas comme prévu).

Conclusion – Notre avis

Le titre du livre – on ne peut plus aguicheur – prend le lecteur pour un gogo. Ce n’est pas parce que l’on achète un titre à un euro que l’on investit moins. L’auteur se contentant d’effleurer chacune des notions qu’il aborde (en particulier la sélection des titres à acheter), le contenu du livre reste malheureusement globalement à l’image du titre, à l’exception peut-être d’un large paragraphe sur les augmentations de capital qui semble être la partie centrale de l’investissement dans les penny-stocks.

Ce livre a quand même le mérite d’être le seul à traiter des penny-stocks, et de se lire très facilement. Le lecteur débutant pourra y trouver quelques généralités qu’il est indispensable de connaître sur la bourse, ainsi que quelques pistes d’investissement qu’il devra absolument approfondir dans des ouvrages plus complets.

Nous concernant, voici les penny-stocks (ou quasi penny-stocks) que nous détenons en portefeuille et dont nous conseillons encore l’achat :

  • Acanthe Développement (objectif 2,5€)
  • Actia Group (objectif 1,9€)
  • Techniline (objectif 0,9€)

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  1. Bonjour,

    Il y a pour la finance, comme dans tout domaine, beaucoup d’ouvrages qui n’apportent rien ou pas grand chose. Je pense que les auteurs profitent de la cupidité des gens à vouloir trouver la technique pour s’enrichir rapidement.
    Bref, je possède également du Techniline depuis plusieurs années et je ne vois pas encore la lumière au bout du tunnel ! Avez-vous toujours cette ligne dans votre portefeuille ? Quel est votre avis aujourd’hui sur celle-ci ?
    En vous remerciant (je dois encore lire votre analyse sur Xilam !).

    1. Bonjour papaOurs. A notre goût, il y a encore trop peu d’ouvrages intéressants écrits sur la bourse en français. Et parmi ceux-ci, effectivement, la ficelle de l’argent facile est souvent très grosse.
      Les titres Techniline et Explosifs et Produits Chimiques sont nos deux plus grosses déceptions des dernières années. Tout comme vous, nous ne voyons pas le bout du tunnel, et pire encore, les nouvelles se font trop rares, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Cela ne présage rien de bon. Nous envisageons donc d’aller à la pêche aux infos directement à la source afin de nous faire une idée précise de la situation et arbitrer en conséquence. Nous vous tiendrons au courant sur ce blog. En attendant, nous conservons tout, comme d’habitude.

      Bonne journée.

    2. Bonsoir PapaOurs,
      nous venons d’avoir quelques nouvelles de Techniline. Et elles sont plutôt encourageantes.
      D’une part, le Président fondateur a été remplacé. Ce n’est pas nécessairement une bonne nouvelle en soi (surtout pour Mr Martineau), mais cela montre que des actionnaires ont décidé qu’il fallait faire quelque chose, et au point où en était l’entreprise, cela devenait vital.
      D’autre part, des filiales en pertes ont été vendues ou fermées cette année. Ces actions ont eu un coût important sur le compte de résultat, sans lesquelles il aurait été probablement proche de l’équilibre.
      Et, cerise sur le gâteau, le dernier trimestre est en croissance par rapport aux précédents. Le management se montre enfin optimiste.
      Les résultats 2012 ne sont pas encore publiés, mais nous avons des raisons de croire que la VANT sera supérieure à 0,6 euros par titre, mais que, en revanche, la solvabilité sera en chute, passant sous les 40%.
      Bref, la valeur a perdu beaucoup de son intérêt, mais reste, au regard de ces dernières nouvelles, suffisamment décotée pour que l’on puisse garder espoir.
      Bonne soirée.

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