Dans l’approche Mégots de Cigare, nous revendons un titre très sous-coté par rapport à ses actifs nets de dettes dès que son cours atteint sa valeur d’actifs nets tangibles. Cette approche est purement spéculative, et ne prend pas réellement en compte le business de l’entreprise. L’approche Rendement, telle que nous l’avons définie, s’intéresse davantage à l’entreprise elle-même, ce qu’elle fait, et comment elle va continuer à gagner de l’argent. Cette approche est on ne peut plus long termiste puisque les titres de rendement sont achetés quasiment à vie (cette stratégie s’apparente au buy and hold). Il est donc primordial de s’assurer de la pérennité de l’entreprise et de sa bonne santé. Un des moyens d’y parvenir est de n’investir que si l’entreprise est très rentable. A condition de savoir déterminer si une entreprise est rentable ou non. Nous proposons dans cet article quelques ratios classiques permettant de déterminer la rentabilité d’une entreprise.
La marge opérationnelle (ou EBIT) – Le ratio EBIT/CA mesure l’efficacité de l’activité principale de l’entreprise, son cœur de métier. Il ne tient pas compte des effets financiers, et autres résultats exceptionnels., mais intègre bien les investissements de long terme par le biais de leurs dépréciations et amortissements. Il se calcule par le quotient du résultat opérationnel par le chiffre d’affaires. Il s’exprime donc en pourcentage de chiffres d’affaires et ne peut excéder 100%. A partir de 25%, on considère que la marge opérationnelle est solide et que l’entreprise est très rentable. Au-delà de 50%, l’entreprise est exceptionnellement rentable (McDonald’s).
Note : il est également possible de considérer l’EBITDA (ou Excédent Brut d’Exploitation) au lieu de l’EBIT. L’EBITDA sera toujours supérieur à l’EBIT car il n’intègre pas les charges pour dépréciation et amortissement. Ce que nous trouvons dommage car ces charges, même si elles ne reflètent pas tout-à-fait la réalité économique de l’entreprise (elles sont artificielles car uniquement comptables), prennent bien en compte les investissements liés à la production.
La marge nette – Le ratio de marge nette est le rapport entre le résultat net et le chiffre d’affaires. Cette définition, très comparable à celle de la marge opérationnelle, prend en compte toutes les sources de revenus de l’entreprise, ainsi que toutes ses dépenses, fussent-elles exceptionnelles. Nous accordons moins de crédit à ce ratio qu’à la marge opérationnelle, car le résultat net ne reflète pas nécessairement l’efficacité de l’activité principale de l’entreprise. Il peut en effet être biaisé par des réductions de charges non récurrentes, de lourds investissements ponctuels, ou de cessions d’actifs importants, non représentatifs de l’activité régulière de l’entreprise. Une marge nette régulièrement supérieure à 10% témoigne d’une entreprise rentable. Avec plus de 30% de marge nette, l’entreprise possède généralement de fortes barrières à l’entrée, ou se situe dans un secteur de niche.
La rentabilité des actifs (ou ROA) – On la définit par le ratio Actif utilisé /Résultat net. Ce ratio mesure l’efficacité de l’utilisation des actifs de l’entreprise pour générer du résultat. Suivant les activités, ce ratio peut fortement varier. Les industries lourdes ont traditionnellement un faible ROA, alors que les entreprises de service ont un ROA généralement élevé.
La rentabilité des Capitaux Propres (ROE) – Ce ratio mesurela capacité de l’entreprise à générer du résultat à partir de l’argent qui lui a été confié initialement, c’est-à-dire, l’apport fait par les actionnaires. Il ne prend pas en compte la dette. Ce ratio est intéressant lors de la comparaison entre entreprises de secteurs différents.
La rentabilité du Capital Investi (ROIC) – Le capital investi est le capital qui est mis en jeu dans l’activité principale de l’entreprise. Une fois encore, il existe plusieurs variantes de ce ratio. Notre définition part du principe que seul le résultat lié à l’activité principale doit être considéré, et que tout actif qui n’est pas directement impliqué dans cette activité doit être ignoré. A partir de cette remarque, nous établissons que ROIC = Résultat opérationnel x taux d’impôt / Actif – dettes ne donnant pas d’intérêts – trésorerie. Nous avons retiré au dénominateur les dettes ne donnant pas d’intérêts (comme les provisions ou les avances fournisseurs) car nous considérons qu’elles ne constituent pas du capital investi. Le ROIC mesure donc l’efficacité du cœur de métier d’une entreprise, en tenant compte de la dette (seulement celle qui donne des intérêts), contrairement au ROE.
Quelque soit le critère que l’on choisit, le plus important de prendre toujours les mêmes chiffres et d’utiliser la même méthodologie pour pouvoir comparer d’une année sur l’autre ou des entreprises entre elles.
Bonsoir Etienne, nous sommes tout-à-fait d’accord. Mais ton commentaire laisse penser que tes définitions sont différentes. Nous croyons nous rappeler que tu utilises un ROIC basé sur celui de Greenblatt. Est-ce exact ?
Pour ma part je regarde ROIC et ROE, ainsi que la marge opérationnelle également.
Hello!
Très belle synthèse! Great work!
Pour l’EBITDA, comme le dit Charlie Munger: c’est le E avant tout le reste! Il faut effectivement ce méfier de cet indicateur. On enlève tellement de chose que l’on sait plus ce qu’il reste!
Pour la marge nette, il ne faut pas hésiter à la retraiter pour neutraliser l’impact d’éléments exceptionnels (comme le produit issu de la cession d’une filiale). C’est un indicateur que j’apprécie même si il faut être vigilant avec le résultat net comme tout ratio qui l’utilise.
Pour le ROE, il faut effectivement le croiser (ou valider) avec le ROIC. Cela permet de neutraliser l’impact de l’effet de levier financier. Certaines entreprises ont bien compris l’utilité de communiquer sur ce ratio et insiste dessus alors que si l’on réintègre l’endettement financier, le résultat devient beaucoup moins flatteur!
Cheers
Jeremy
Bonsoir Jérémy. Merci pour ce commentaire. Il nous semble en effet absolument primordial de retraiter le résultat net. On a moins de surprise avec l’EBIT. Nous aurions pu introduire une notion moins courante qui est le Cash Flow / CA. Un bon indicateur que nous n’utilisons pas (encore …).