mars 18, 2020

Covid-19 : revue du portefeuille

Le moment historique que nous vivons m’a amené à apporter quelques modifications à la constitution de mon portefeuille ces tout derniers jours. A l’heure actuelle, les marchés, qui ont dévissé de plus de 30% en un mois, semblent croire que la sortie de la crise sanitaire ne sera qu’une question de semaines. Si c’est le cas, alors dans quelques mois, le sale quart-d’heure que nous vivons ne sera qu’un mauvais souvenir. Mais n’est-il pas déraisonnable de penser que la levée du confinement sera une opération longue et complexe sous peine de relancer la pandémie, entraînant une deuxième vague de chute des bourses ayant la même brutalité que celle que nous avons connue ? Quelles conséquences pourraient avoir le coronavirus sut le contient africain ? Je n’ai aucune certitude face à cette pandémie. et j’ai le sentiment que nul n’en a. Nous n’en sommes peut-être finalement qu’au début.

Au plan économique, il est également probable que les conséquences soient largement sous-estimées. Nos gouvernements, qui envisagent officiellement une contraction de l’économie de 2%, ne peuvent pas se permettre d’affoler davantage le marché avec des chiffres alarmants. Mais la question qui me taraude est surtout celle de l’après-crise : qui va payer cette colossale dépense que les Etats se sont engagés à allouer aux sociétés en détresse ?

Dans ce contexte, il m’a paru opportun d’étudier de plus près les sociétés fragiles de mon portefeuille et de procéder à quelques arbitrages. Bien que je n’aime pas cela, j’ai au final décidé de me séparer de plusieurs de mes lignes à un cours très en-dessous de leur valeur, afin de me concentrer sur les dossiers « simples », c’est-à-dire faciles à comprendre, faciles à suivre, et au final moins exposés à une récession de long terme. C’est ainsi que, quitte à passer à côté d’un fort rebond, sont sorties du portefeuille toutes mes sociétés américaines, et Derichebourg :

  • Washington Prime Group : ligne soldée à 1,57 $. Déjà très endettée avant la crise, la société pourrait être rapidement en grosse difficulté (malgré la baisse de moitié du dividende, annoncée récemment). Ce dossier étant devenu trop complexe pour moi, je jette l’éponge pour placer mes sous ailleurs.
  • Seritage : ligne soldée à 18,54 $. Comme je l’expliquais dans cet article, le financement des opérations à venir est un gros point d’interrogation. La société a des atouts, notamment une belle création de valeur, mais l’investissement peut mal tourner. Je n’exclue pas de revenir sur le titre si je parviens à obtenir plus de visibilité sur la suite.
  • Chesapeake Energy : ligne soldée à 0,14 $. Ce cours a été incroyablement volatil, pour finir au tapis dans une période de cours du gaz extrêmement bas (1,87 $/Mmfc). Pourtant, les derniers résultats étaient plutôt bons, et je voyais la société sortir du rouge, avec un free cash-flow positif. L’effondrement récent des cours du gaz, dû notamment à une forte production de pétrole de schiste (le gaz en est un sous-produit) risque très sérieusement de réduire à néant tout le travail effectué par l’excellent Lawlyer depuis cinq années.
  • Civeo : ligne soldée à 0,67 $. Le bilan continuait de se dégrader trimestre après trimestre, dans une ambiance mondiale anti-pétrole et anti-charbon. La chute des cours de ces deux matières premières rendait la détention du titre spéculative.
  • Derichebourg : ligne soldée à 2,43 €. Sans présager d’une longue période de cours des métaux au plancher, ce dossier, que je connais finalement assez peu, me semble spéculatif dans les circonstances actuelles. C’est l’occasion de s’en séparer.

Ces décisions ont été difficiles à prendre, car je reste convaincu que ces sociétés ont un très beau potentiel de hausse. D’un autre côté, le marché actuel offre d’autres opportunités moins risquées. J’ai donc profité de la trésorerie dégagée par ces ventes pour renforcer des lignes dont je n’avais pas eu le temps d’achever la constitution. Parmi celles-ci, il y a les éditeurs de logiciel. C’est un secteur que je connais très bien et que je vois mal subir la crise, tant il est devenu indispensable dans toute entreprise. De plus, c’est un secteur qui permet facilement le télétravail, précieux atout en ce moment de confinement. J’ai donc renforcé :

  • Linedata : ligne renforcée à 26 €. Tout est dit dans cet article.
  • Magillem : renforcement à 12,10 €. La thèses (assez courte) est décrite dans cet article.
  • Easyvista : petits renforcements entre 40 € et 60 € (après avoir allégé entre 70 € et 80 €). La société est toujours en croissance, avec des clients captifs. Je vois peu d’impacts du coronavirus sur le chiffre d’affaires.
  • Jacques Bogart : renforcements entre 10 € (juste avant la crise, malheureusement) et 8 €. C’est l’investissement le moins sûr de tous ces renforcements.
  • Et j’ai ouvert deux petites lignes de « Daubasses » sur le secteur pétrolier, rentables, qui cotent sous leur cash net de dettes. Comme mes japonaises, en quelque sorte. C’est une option très peu chère sur une remontée – que je considère très probable – du pétrole.

Au final, le nombre de lignes a diminué et celles-ci sont mieux réparties au sein du portefeuille. Le portefeuille a gagné en solidité, et surtout, en facilité de suivi. Je vais poursuivre dans cette voie, en freinant les investissements afin d’augmenter ma trésorerie ou en privilégiant les sociétés qui regorgent elles-mêmes de trésorerie. Reste à voir si les performances sur le (très) long terme seront au rendez-vous.

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  1. Hello Boris,
    On dirait que Mr le marché ne veut absolument pas entendre parler de Linedata. C’est incroyable.
    J’ai renforcé ma position hier à 18€. Je me demande si nous n’avons pas loupé une information…

    De l’autre coté, la boite continue de racheter et annuler ses actions :
    20.000 actions le 4/3/2020
    32.000 le 16/03/2020.
    Affaire à suivre…

    1. Bonjour Youssef. Lorsque les cours d’une société chute a priori sans raison, on a toujours le sentiment de passer à côté d’une information grave. Sur les sociétés peu liquides, cela s’explique généralement par une grosse main qui sort.
      Dans le cas de Linedata, c’est évidemment le coronavirus qui agit comme un épouvantail sur les marchés. Pourtant, Linedata est une société résiliente, avec 70% de son CA en récurrent. Le rachat d’actions que vous mentionnez est encore le signe d’une excellente allocation.
      Tout comme vous, je me suis renforcé, et envisage de le faire à nouveau à ces niveaux de cours.

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