décembre 27, 2019

Burelle : Plastic Omnium à moitié prix

Pour cette fin d’année, et pour changer des sociétés japonaises, je vous propose la présentation d’une groupe français, dont je possède une ligne qui compte pour près 3% de mon portefeuille. Il s’agit de Burelle SA, le holding de la famille Burelle, actionnaire historique et majoritaire de l’équipementier Plastic Omnium. Le groupe, bien qu’endetté, est très bien géré, et se diversifie depuis 2001 et avec succès dans des activités non industrielles. Il est orienté suivant trois pôles :

  • Le pôle industriel, qui représente 97% des actifs du holding et recentré depuis la vente du pôle Environnement en 2018 dans le secteur automobile. Il compte pour unique société Plastic Omnium avec 58,78% des parts.
  • Le pôle immobilier qui possède les actifs immobiliers non industriels de Plastic Omnium et qui est amené à se diversifier et à croître via la filiale Sofiparc. Le parc, valorisé 136 M€ et actuellement occupé à 100% est réparti entre Levallois et Lyon.
  • Burelle Participations investit dans le non côté de qualité, soit en direct, soit au travers de fonds. Actuellement, 135 M€ sont sous gestion dont 55% à l’international. La performance en 2018 a été de +22% !

Plastic Omnium

Suite à la vente de son pôle Environnement, la société se concentre dans le secteur automobile avec des parts de marché de leader mondial dans ses trois activités ainsi que de belles perspectives de progression :

  • Les systèmes de carrosserie intelligents. Essentiellement les blocs avant avec intégration de capteurs et de radars. Plastic Omnium possède 16% de parts de marché (en progression depuis 2010, notamment avec le rachat de la filiale de Faurecia) devant le canadien Magna qui en possède 7%. Les constructeurs, qui détiennent 36% du marché, vont continuer à mon sens à se concentrer sur l’assemblage et à faire sous-traiter aux équipementiers ces blocs. Ce qui offre de belles perspectives pour Plastic Omnium.
  • Les systèmes d’énergie propre. Avec 22% de parts de marché dans les systèmes à carburant (devant Kautex qui en a 15%), Plastic Omnium est encore un leader mondial.
    De plus, les réservoirs en plastique ont un bel avenir car 30% plus légers que ceux en métal et idéaux pour les PHEV (modèles hybrides). Dans l’objectif de réduire l’émission de gaz à effet de serre, la société produit également des systèmes de dépollution du diesel (les SCR qui permettent d’économiser jusqu’à 8% de CO2).
    Et toujours dans l’anticipation d’une voiture propre, elle injecte beaucoup d’argent dans la R&D, notamment dans la pile à combustible et la propulsion à l’hydrogène.
  • Les modules pour automobile, la voiture de demain devant être modulaire.
Vue d’une usine du pôle Cleaning Energy Systems

Avec un ROCE de 16%, la société est un des équipementiers les plus rentables et surperforme de 5% son marché tous les ans. Au cours de 25 €, la société se paie 10 fois les bénéfices, ce qui n’est pas cher payé. Une société aussi rentable, leader mondial sur ses trois activités, reconnue dans le milieu, et avec de telles perspectives de croissance mérite de se payer 13 fois ses bénéfices.

Acheter la holding

La décote sur Plastic Omnium n’est pas suffisante pour que je puisse l’intégrer au portefeuille. En revanche, la holding, boudée par le marché, vaut que je m’y attarde.

L’ANR fourni par la société est de 1 131 €. Pour ma part, une société industrielle leader sur ses marchés et rentable à hauteur de 15% des capitaux investis doit se payer largement plus que son ANR.
Valeur de marché – Comme Plastic Omnium représente 97% des actifs de Burelle, il est aisé d’obtenir une valeur de « marché » approximative de la holding. Au cours de 25 €, Plastic Omium est valorisé en bourse 3,7 MM€. En comptant 58,78% de cette capitalisation, et sachant que le capital de Burelle est réparti entre 1,76 M de titres, on obtient une valeur de 1 242 € par action. Cette valorisation peut monter jusqu’à 1 600 € si l’on considère comme moi que Plastic Omnium ne cote pas à sa juste valeur.
Approche par les free cash-flows – De plus, j’estime que Plastic Omnium doit pouvoir dégager un free cash flow normalisé de 120 €/action. Au cours de 800 €, le groupe se paie donc moins de 7 fois ses free cash flows. C’est peu, d’autant plus que cette trésorerie est très bien utilisée. Un cours à 12 fois les free cash flows serait plus approprié. Soit 1 400 € environ.
Donc, j’estime par les actifs un prix plancher de 1 200 €, par les free cash-flows un prix de 1 400 € et par le potentiel de valorisation de Plastic Omnium un prix de 1 600 €. Au cours de 800 €, Burelle offre une décote allant de 30% à 50%.

Photo de l’immeuble détenu par Sofiparc à Levallois

Conclusion

Par la qualité de sa gestion et de ses actifs, Burelle SA est un excellent véhicule pour investir dans un leader mondial du secteur automobile, avec un rabais de 50%. La décote que nous offre le marché peut s’expliquer par deux éléments :
– Un endettement élevé. En effet, la solvabilité est très faible, à 21%, ce qui a de quoi inquiéter. La dette financière, quant à elle, représente 600 M€, soit cinq ans de free cash flows. C’est rassurant, d’autant plus que la holding a des actifs facilement cessibles, mais quand-même.
– Des interrogations sur la succession à la direction du groupe. Jean Burelle, qui a géré de main de maître Plastic Omnium de 1987 à 2001 en le développant à l’international, et a été l’artisan de la diversification de la holding, vient de passer la main à son frère Laurent. Les qualités de ce dernier ne sont plus à démontrer, mais qui va prendre la relève dans quelques années ?

Dernier point : la famille Burelle se renforce et le flottant n’est plus que de 14,63%. Il y a donc un aspect spéculatif à ce dossier.

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  1. Merci Boris pour ce rappel de la holding Burelle.
    Je note aussi la belle progression du dividende.
    Peut-être que le marché s’attend à une fin de cycle de ventes de voitures ?
    L’action Plastic Omnium s’est effondrée en 2009, ça laisse de mauvais souvenirs.

    1. Bonjour Piksou,
      Le marché est à mon avis perdu sur l’avenir du secteur automobile et il préfère dans le doute envisager le pire. Si c’est dans ces moments-là qu’on fait les meilleures affaires, pourquoi s’en priver ?
      Ceux qui ont investi en 2009 n’ont pas à s’en plaindre.
      Merci pour votre commentaire.

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