juillet 5, 2015

Reporting juin 2015

Après cinq ans de palabres et de négociations surréalistes, nous voici peut-être enfin au bout du film. La Grèce n’a jamais été aussi près de sortir de l’euro et les sommes considérables que nous lui avons prêtées seront au mieux remboursées partiellement. Je ne peux pas dire que je ne m’y attendais pas, et je crois qu’aucun politicien n’est surpris de ce qui est en train de se passer. Il y a quand-même de quoi être sacrément agacé par ces politiciens totalement incapables de penser à autre chose qu’à leurs propres intérêts. On s’interroge naturellement en premier lieu à cette horde de communistes qui s’assoient sur des contrats signés avec le reste de l’Europe en augmentant sans honte les pensions de retraite et les salaires des fonctionnaires. Mais ce qui me choque le plus, c’est cette classe politique européenne qui a validé ces prêts massifs à un pays qui n’avait manifestement pas la structre adéquate pour subir les conditions drastiques qui lui ont été imposées. Cette même classe politique, qui n’a créé l’Europe que pour placer des petits copains à des postes sans importance (comme celui de décider du diamètre des concombres) mais ô combien onéreux pour nos modestes poches de contribuables, et qui a invité d’autres amis (dont les Grecs) à se joindre à eux pour augmenter son prestige et son affolante rémunération, s’est permise de distribuer l’argent du contribuable comme bon lui semblait. Et elle ne devrait rendre aucun compte à personne ? Cette Europe, créée par des bureaucrates qui pensent « pour nous » se transforme peu à peu en vaste blague dont les Grecs et nous-mêmes sommes en train de faire les frais.

Ce qui est amusant dans cette histoire, c’est de voir la réaction du marché à chacune des nouvelles concernant cette crise. Qu’elle soit bonne ou mauvaise, importante ou insignifiante, le marché se fait son opinion, créant une volatilité surréaliste alors que toutes les issues semblent équiprobables et impossibles à trancher à l’avance. Je ne vois donc aucun intérêt à spéculer sur telle ou telle issue de la crise, et je me garde bien d’acheter des titres directement exposés. Cela ne m’évite malheureusement pas de subir les mouvements erratiques des investisseurs. Les performances du portefeuille sont en berne ces deux derniers mois : + 0,62% en mai et – 7,45% en juin. Même si une majeure partie de mes valeurs sont en baisse, c’est bien entendu la chute du cours de Sears qui explique en grande partie cette contre-performance. Et encore une fois, ce sont mes japonaises qui limitent la casse.

Mouvements du portefeuille

J’ai entamé en mai un petit nettoyage de printemps, tentant de céder certains des titres qui représentaient le moins d’intérêt pour mon portefeuille. Il y a plusieurs raisons à cela :

  1. Ma situation professionnelle fait que j’ai (temporairement) moins de temps à consacrer au suivi de mon portefeuille. Je préfère donc me délester afin d’augmenter la connaissance de chacun des dossiers que je suis.
  2. Et puis, bien sûr, l’envie de thésauriser en attendant la période de vaches maigres. Que je vous rassure, je préfère toujours être 100% investi. Mais à condition qu’il y ait suffisamment d’opportunités sur les marchés. Ce qui ne me semble plus le cas actuellement. Je n’ai cependant pas pu résister aux obligations Sears, et manger quasiment tout mon cash pour le placer à quasiment 12%…

J’ai donc soldé certaines lignes :

  • Vente de BD Multimedia : j’en avais peu, et le marché me proposait de les racheter à 1,64 EUR, soit plus de 30% de plus que mon cours d’achat, quelques semaines plus tard. J’ai profité de la volatilité du moment… puis replacé un ordre d’achat.
  • Vente de Xilam Animation à 2,45 EUR : certainement dans un accès de faiblesse, alors que ma ligne repassait dans le vert, j’ai saisi l’occasion de céder mes titres d’une entreprise que j’estime toujours. C’est vraiment pour diminuer le nombre de lignes de mon portefeuille…
  • Je me suis bien allégé en Plastivaloire (pour plus de la moitié), après un très beau parcours. A 51,96 EUR j’ai à peu près un 5-bagger sur mon dernier achat, alors que la décote sur la VANT est quasiment nulle. Mais les résultats sont positifs, alors j’en ai gardé un peu, pour voir.
  • J’ai encore divisé par deux ma position en Tasaki, au cours de 3 000 JPY, c’est-à-dire plus de quatre fois le prix que je l’ai payée. C’était un ordre quasiment mécanique, même si la VANT n’était que 20% au-dessus du cours de vente.
  • Et j’ai craqué en soldant ma ligne de KWG. Je ne comprenais pas pourquoi la décote restait toujours aussi profonde sur les actifs. Tant pis. J’ai fait le choix d’alléger mon PEA et j’ai donc revendu ces titres au prix d’achat, à 7,40 EUR.
  • Je me suis allégé en SHOS, après en avoir acheté pas mal lors de la chute vertigineuse du titre. J’ai vendu la moitié de ma ligne à 9,48 USD, légèrement au-dessus de mon PRU, 9,26 USD. J’en rachèterai si le cours redescend vers les 7 USD, afin d’avoir une meilleure décote sur les stocks.

Mais j’ai quand-même réinvesti dans des entreprises que je connais déjà (cela évite d’une part de diversifier de nouveau, alors que mon objectif est justement de me concentrer un peu, et d’autre part d’investir dans des dossiers que je connais mieux) :

  • N-ième renforcement dans Sears (est-ce raisonnable ?) aux cours de 31,87 USD, puis 28,97 USD et 26,69 USD.
  • Egalement quelques warrants SHLDW au cours de 16,34 USD.
  • Et rebelote pour les obligations Sears à 0,92 USD et 0,89 USD. Je n’ai pas pu en avoir à 0,86 USD, mais j’ai passé quelques ordres…
  • Puis un vieil ordre d’achat sur Sunlink Health Systems est passé à 1,30 USD.

Nouvelles des titres détenus en portefeuille

Derichebourg est repassé dans le vert au premier semestre clos au 31 mars 2015. Le groupe spécialisé notamment dans le recyclage a réalisé un bénéfice net de 13,7 millions d’euros contre une perte nette de 32,1 millions un an plus tôt. Si mes estimations sont exactes, les cash flows sont de l’ordre de 0,25 euros par action. Et si comme l’estime la direction, le second semestre est meilleur que le premier, je peux croire que les cash-flows annuels seront de l’ordre de 0,50 euros par action. Ces hypothèses valoriseraient le groupe au cours actuel à 6 fois le P/FCF, ce qui n’est pas cher payé pour une entreprise qui confirme sa reprise. La direction semble le penser aussi puisque 4,66% des actions ont été rachetées ce semestre. Seul bémol : l’endettement est très élevé (4,37 €/action contre des fonds propres de 2,13 €/action). Mais avec un nouveau CROIC de 11%, on a une bonne marge de sécurité.

A mon grand regret (ainsi que celui de beaucoup d’actionnaires), PowerFilm est sortie de la cote, non sans fracas puisque le cours a dévissé de moitié depuis l’annonce de la nouvelle. Après avoir longtemps hésité, j’en ai repris une petite louche. Tout simplement parce que le titre n’était vraiment pas cher au regard de sa trésorerie nette et de ses actifs. J’ai aussi spéculé sur la probabilité d’un rachat ultérieur par un gros groupe, imaginant que les dirigeants ont dans l’idée de revendre. Nous verrons bien. En attendant,  je comptabilise dans mes reportings le titre à 4p.

Nous avons assisté ce mois de juin au spin-off tant attendu de Sears. A ce jour je n’ai pas les résultats de l’opération, mais je suis assez surpris de constater que cet événement a précipité le cours de Sears dans des profondeurs abyssales que jusque-là je n’avais pas connues, alors que les nouvelles sont plutôt bonnes :

  • Baisse du CA de près de 10% (14.5% pour Sears et 7% pour Kmart).
  • La marge brute augmente à 25,8%.
  • Adjusted gross margin rate improved 423 bps to 24.33%.
  • Le stock diminue de 24.86% à 5,054 GUSD.
  • Le nombre de magasins en propre ou en baux est réduit de 647, soit 1 716.
  • Avec le spin-off, Sears va détenir près de 7,2 GUSD d’actifs courants (stocks + cash) contre une dette d’environ 14 GUSD.

J’ai du mal à m’expliquer cette chute. Il semblerait que les shorters soient revenus faire joujou, puisque ‘ai observé un taux SLB (taux de prêt de titres) à 28% en début de semaine ! Le dicton « achète la rumeur et vends la nouvelle » n’aura jamais été aussi vrai. La remontée des taux aux US n’a pas non plus épargné les obligations, puisque celles-ci cotent désormais sous les 0,90, oscillant entre 0,86 et 0,89. Le YTM remonte à près de 12%.

Deswell Industries a annoncé un retard de ses publications et du versement de dividende (détachement le 16 juillet). Celui-ci sera d’ailleurs bien inférieur à celui de l’an dernier, à 0,035 USD.

Le cours de Cadogan Petroleum a réalisé un joli parcours la semaine dernière suite à l’annonce de l’arrivée d’un nouveau CEO, Guido Michelotti. Celui-ci a pour lui un joli CV, avec 30 ans d’expérience, dont plus de 10 ans en tant que dirigeant chez Eni et récemment à la tête d’un fonds luxembourgeois dans l’énergie

J’apprends que Cofidur projete de racheter jusqu’à 10% de son capital (ou un maximum de 773 551 titres) au cours maximal de 2 euros.

Et voici une bonne nouvelle venue du Canada : Hammond Manufacturing va bénéficier d’une subvention de 1,5 millions de dollars sur six ans en contrepartie de 55 recrutements permettant la réalisation d’un projet qui renforcera sa capacité de production et génèrera des économies d »énergies et d’eau.

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  1. Bonjour,

    Merci beaucoup pour ce suivi toujours très intéressant.

    Concernant les obligations Sears, je suppose que vous passez par IB?
    Connaissez-vous ou un de vos lecteurs connaît-il un courtier qui fonctionne avec IFU qui permet d’avoir accès à ces obligations?
    Sur Binck et Fortuneo, cela ne me semble pas possible. Dommage!
    Bonne continuation et merci encore pour la qualité des articles.

    1. Bonjour Rémi,

      merci pour ce fort sympathique retour.

      En effet, mes obligations sont chez Lynx, qui utilise la plateforme d’IB. Mais malheureusement je ne connais aucun courtier qui propose ces obligations.
      Je sais cependant que Saxo offre beaucoup de possibilités. Les avez-vous contacté ?

      Boris

    1. Bonjour Cédric, a posteriori, je dirais non :-).

      Désolé pour le retard de réponse, j’ai eu quelques soucis techniques avec le site.
      Cependant, de ce que je comprends des maigres informations dont je dispose, j’ai le sentiment que le problème grec est loin d’être terminé, et que probablement dans quelques mois, nous ferons face à un problème similaire. Cela n’engage que moi, mais j’ai perçu le comportement des instances politiques grècques comme inacceptables, jouant sur un impact a priori négatif (voire peut-être désastreux, qui sait ?) de la sortie de leur pays de la zone euro.

      Boris

  2. Bonjour Boris,

    J’étais tout comme vous actionnaire de Powerfilm, et je le suis toujours par la même occasion. Avez-vous déjà été dans cette configuration qui consiste à posséder en portefeuille un entreprise délistée ?
    Savez-vous comment accéder à un minimum de résultats financiers et si l’netreprise à le devoir d’avertir, en direct, ses actionnaires des deals à venir ?

    Merci de votre retour, Boris,
    Au plaisir
    Arnaud

    1. Bonjour Aranud,

      non, je ne m’étais encore jamais retrouvé dans cette situation.
      En théorie chaque actionnaire doit au moins recevoir les résultats annuels. Si ce n’est pas le cas avec Powerfilm, je contacterai l’entreprise pour les obtenir.
      De plus, même sans avoir lu les statuts de Powerfilm, il m’apparaîtrait illégal que toute décision modifiant le capital de l’entreprise ne soit pas soumise au vote des actionnaires.

      Bonne journée,
      Boris

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