novembre 7, 2015

Reporting octobre 2015

Il n’y a pas eu de reporting pour le mois de septembre, même si je ne suis pas resté inactif et que j’aurais pu vous rapporter un évènement absolument majeur qui n’a échappé à personne, mais dont on commence déjà à parler un peu moins. Il s’agit des déboires de Volkswagen aux Etats-Unis, où le constructeur a été accusé (à raison) d’avoir triché lors des tests anti-pollution. Dès l’annonce de la nouvelle, le titre perdait 40% en bourse, les investisseurs ayant craint en premier lieu des amendes démesurées dont le groupe aurait du mal à se remettre. Puis il y eut l’annonce de la démission du P-DG. Etc.

A priori, c’est exactement l’environnement dans lequel j’aime investir : une panique exacerbée sur une entreprise (leader mondial, qui plus est), qui engendre une panique générale des marchés. Et pourtant, dans ce contexte de crise, je n’ai pas agi. Ni acheté de titres Volkswagen, ni investi dans d’autres titres. Il y a plusieurs raisons à cela :

1. Dans ce genre de business ultra concurrenciel et à faible marge, ce qui m’intéresse c’est la décote sur actifs. Lors d’une brutale et soudaine chute du cours d’une entreprise, ce que je regarde en premier c’est la décote sur les actifs (tangibles, de préférence). Si celle-ci m’apparaît criante, je m’assure en lisant au moins le dernier rapport annuel qu’il n’y a pas de loup caché. Et si par ailleurs, la réaction du marché me semble disproportionnée par rapport à la nouvelle, alors j’agis. Mais dans le cas de Volkswagen, les premiers coups d’oeil que j’ai jetés sur les actifs ne m’ont pas révélé de décote. A ce moment, j’aurais pu éplucher les derniers rapports annuels afin de trouver une valeur intrinsèque sur des actifs cachés ou sur les cash-flows. Mais compte tenu de la taille du groupe, toute étude – même sommaire – des rapports annuels m’aurait pris plus de temps que je n’en disposais pour prendre une décision (et je suis même convaincu de ne pas avoir les connaissances nécessaires à l’étude approfondie d’un tel géant). J’ai donc décidé de ne pas aller plus loin.
2. Il y avait de plus beaucoup d’inconnues sur les risques. En effet, le montant de l’amende (déjà astronomique) qui circulait à l’époque ne concernait que celle des USA au sujet des véhicules de la marque Volkswagen. J’imaginais sans peine la probable propagation en Europe et aux autres marques du groupe, et les amendes complémentaires qui allaient pouvoir s’ajouter. L’incertitude était trop pesante.
3. Je me suis donc dit qu’il fallait attendre encore un peu, au moins le temps d’y voir plus clair. J’avais dans l’idée que la panique qui gagnait les marchés allait durer encore un moment, voire même engendrer un petit krach. Je restais donc assis sur mon tas de billets, prêt à passer à l’offensive.
4. Mais cette offensive n’eut jamais lieu, car les prix des titres que j’avais en shortlist restèrent toujours trop élevés pour que je daignasse taper dans ma trésorerie.

Un mois après, quelle est la situation ? Comme je le craignais, la triche s’est avérée non seulement en Europe, mais aussi au sujet des autres marques du groupe. Le cours du titre a continué de plonger, passant sous les 100 EUR. Il n’y a toujours pas de décote sur les actifs… Et malheureusement pour moi, le krach n’a pas eu lieu, et mes billets sont restés bien au chaud, alors que les titres que j’ambitionnais d’acheter n’ont fait que grimper.

Quelles conclusions tirer de tout ceci ? Tout d’abord, qui imaginait avant la crise Volkswagen que le premier groupe automobile mondial, jouissant d’une image d’intégrité exemplaire, pourrait être un jour à l’origine d’un tel scandale ? En tous cas, pas moi. Et c’est pour moi un point essentiel : en bourse, tout arrive, surtout ce à quoi l’on s’attend le moins. Conserver dans un tel contexte un portefeuille concentré est synonyme d’une grande prise de risque. Mais je n’ai pas attendu Volkswagen pour le savoir…
Ensuite, comme j’en suis convaincu, tenter d’anticiper la macro-économie est amusant en soi, mais dangeureux si l’on utilise ses conclusions dans ses investissements. A chaque fois que je me suis pris au jeu d’imaginer que le marché allait baisser, je me suis complètement trompé. Mais là encore, je n’ai pas attendu Volkswagen pour le savoir… Je précise donc que si je n’ai pas investi pendant cette courte mini-crise, ce n’est pas parce que je « pressentais » que le marché allait baisser, mais bien parce que je ne trouvais pas d’opportunités. Et même si je suis passé à côté de quelques hausses, je ne regrette rien car je n’ai fait qu’appliquer la même règle de conduite que j’applique depuis le début de ce blog, à savoir : n’acheter que si l’investissement en vaut la peine, indépendamment de ce que fait l’ensemble du marché.

 

Certains lecteurs attentifs auront peut-être remarqué que la liste des blogs amis s’est allongée. J’ai donc « sympathisé » avec :

Mouvements du portefeuille

  • Suite au petit coup de mou du cours de Cofidur, malgré l’excellente publication semestrielle, je me suis renforcé à 1,77 EUR, soit le niveau de la VANN.
  • J’ai acheté des titres d’une Daubasse, dont l’avenir semble compromis. Et même si les managers sont très grassement payés, je n’ai pas hésité à payer ces titres en-dessous de leur VANN.
  • Suite à la mise à jour de JL sur Thalassa Holdings, et de nouvelles liquidités sur mon compte Binck, je suis passé à l’achat sur ce titre au cours de 44,75 GBX.
  • J’ai soldé ma ligne d’obligations Sears au-dessus du pair, puis ai grapillé quelques unités à 0,94 quelques jours après.
  • Je me suis allégé en Vêt’Affaires. La situation est compliquée (je rappelle que l’entreprise est placée en redressement judicaire) et conserver ses titres revient à jouer au loto. Il me reste encore quelques titres que j’espère écouler sans trop de casse.
  • Je me suis également allégé en SHOS au cours de 8,76 USD. Ma position était importante au regard de la confiance que j’ai dans le titre. Car bien qu’il s’agisse d’unenet net, son actif courant est essentiellement constitué de stock, ce qui n’a pas ma préférence.
  • Même si je ne suis pas spécialement attaché aux foncières (françaises et étrangères), la descente aux enfers de certaines canadiennes m’ont interpellé. N’ayant pas forcément beaucoup d’idées mais beaucoup de cash qui dort, je m’ouvre à ces distributeurs de dividendes réguliers (mensuels ou trimestriels) en me disant que mon cash serait finalement peut-être plus utile s’il était investi sur des valeurs de rendement. Tout dividende est toujourds bon à prendre, d’autant plus que j’ai toujours besoin de trésorerie pour payer mes frais fixes (comptable et charges d’imoôts). Le hic est que je bloque du capital pour un investissement à très faible potentiel.
    Je me suis quand-même laissé tenter par Dream Office qui, d’après Brookfield Financial (merci à L’Investisseur Heureux pour le lien) me propose au cours de 21,15 CAD un dividende de 10% et un rabais de 30% sur l’Actif Net Réévalué (ANR). Toujours d’après Brookfield, le P/AFFO (c’est-à-dire le prix payé pour les cash flows normalisés, un équivalent du PER) est inférieur à 9. Tous ces chiffres sont facilement accessibles au grand public, et je n’ai fourni aucun travail pour les trouver. Je n’ai donc découvert aucune « valeur cachée » et n’ai aucun avantage par rapport aux autres investisseurs, si ce n’est oser acheter un « couteau qui tombe ». Evidemment, dans ce cas je ne m’attends pas à faire l’affaire du siècle…

    Nouvelles des titres du portefeuille

  • NSC Groupe publie des résultats corrects, tirés par la filiale XXX.  Le résultat net semestriel est de 2,80 EUR et la direction table sur un second semestre bien meilleur que le premier.  Les actifs sont redevenus rentables et il n’y a a priori pas trop de raison pour solder ma ligne au niveau de sa VANT (qui s’élève d’ailleurs à 72,34 EUR, soit un tout petit peu au-dessus du cours actuel). Je continue de suivre le redressement de cette entreprise et reste sur mon premier objectif de 80 EUR.
  • Cofidur : Les bonnes nouvelles promises par la direction lors de la précédent assemblée générale sont peut-être en train de se concrétiser puisuqe le groupe a été sélectionné pour contribuer à l’assemblage des nouveaux compteurs ERdF Linky. J’ignore à quelle hauteur Cofidur sera mêlé à cette aventure, mais j’imagine bien qu’il s’agit d’une bonne nouvelle.
  • Xilam a publié un chiffre d’affaires semestriel stable, mais un résultat net positif à 0,12 EUR par action. Je note la progression récurrente du chiffre d’affaires généré par le catalogue, qui contribue désormais pour plus de la moitié. Mais cela ne se reflète pas encore dans les comptes, puisque tous le cash qu’il génère est immédiatement investi dans la production en propre de nouvelles animations (en termes techniques, cela se voit par des capex bien supérieurs aux amortissements). Xilam continue donc à étoffer son catalogue d’animations, qu’il parvient à distribuer à de plus en plus de clients. Cela ramène ainsi de plus en plus de cash, qui permet d’étoffer encore plus son catalogue. Le groupe est enfin entré dans le cercle vertueux ambitionné par le P-DG Marc du Pontavice. J’envisage très sérieusement de me constituer de nouveau une ligne.

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  1. Merci pour cet excellent reporting.
    Les reit permettent de rémunérer le cash a court terme pour ceux qui ont du mal à garder du cash entre les mains sans savoir quoi en faire.

    1. Bonjour Idir,
      quand vous dites « du mal à garder du cash entre les mains », vous sous-entendez qu’il est difficile de rester passif. Et vous avez raison. Par expérience, c’est assez mauvais de vouloir investir quand on a de l’argent mais pas d’idées.
      Les REITs semblent être dans ce cas une alternative aux obligations, à la différence majeure près qu’on ne récupère pas sa mise à l’échéance. Il y a donc bien une incertitude sur le rendement global (plus-value + rendement du dividende) qui rend ce type d’investissement un peu plus risqué. C’est la raison pour laquelle j’ai investi peu dans les REITs.

      Merci de votre commentaire.

      Boris

  2. Exactement Boris,

    L’inaction est un art difficile à maitriser. En parlant de BlackSwan quelle est la taille de votre position dans Sears (et sa périphérie)?

    cdlt,

    1. Bonsoir Iro,

      Comme vous dites !

      Après la vente de mes obligations Sears, il ne me reste plus que les warrants et les titres en direct (je ne possède pas de Seritage). Ma participation en SHOS est peu significative. Tout cela pèse environ 15% de mon portefeuille. Je considère que c’est beaucoup, voire même trop au regard de mes autres lignes. Notez en effet que la seconde ligne est Cofidur, avec juste un peu plus de 6%.

      Boris

  3. Bonjour,

    Merci pour cet update. En ce moment, je reste assez liquide de peur d’un retournement de tendance généralisé sur les marchés actions (hausse prochaine des taux aux US, consolidation suite à la remontée rapide du CAC depuis août 15). Je dispose donc de liquidités significatives en particulier sur PEA. Savez-vous s’il existe des placements sans risque sur PEA sur lesquels je pourrais placer ces liquidités en attendant ?

    Cordialement,

    1. Bonsoir Vladimir,

      par définition, et je pense ne rien vous apprendre, le PEA ne peut contenir que des actions. Il faut donc oublier les obligations ou autres produits à revenus fixes. Il faudra que vous composiez donc avec le risque inhérent aux placements en actions.
      Néanmoins, sans toutefois me permettre de donner de conseils, et sans connaître votre définition de risque, je vous informe que j’ai acheté récemment des titres de MRM, une foncière qui semble en voie de retournement. Je suis également actionnaire de Paref, autre foncière intéressante. Cela pourra peut-être vous donner des idées dans vos recherches. Il va de soi que par ces choix, je ne crains pas la remontée des taux en Europe…

      Meerci de votre commentaire,
      Boris

  4. Bravo pour vos excellents rendements Boris. Votre approche d’investissement prudente est certainement un pilier de la vision de Graham et c’est bien de voir que vous avez réussi à l’adapter à votre situation. Bonne continuité !

    Snowball

  5. Bonsoir,
    MRM et Paref sont éligibles au PEA? et je ne comprends pas ce qui motive leur atrait à moins que la réponse ne soit dans ma question?
    Amicalement
    Fred

    1. Bonsoir Fred,

      ces deux foncières ont opté pour le statut SIIC, qui leur permet de transférer leur charge d’impôts aux actionnaires. La loi les contraint en contrepartie de distribuer « une part importante » de leurs bénéfices. Elles sont également interdites dans un PEA, malheureusement.
      Pour les personnes bien imposées, cela revient à donner au fisc environ 50% de son dividende. C’est intéressant pour un actionnaire qui souhaite vivre de ses rentes, mais pour pour celui qui souhaite se constituer un patrimoine.

      Cela dit, ces deux titres sont intéressants indépendamment de leur fort rendement. Ils cotent à environ la moitié de la valeur de leurs immeubles. De plus, Paref possède un gros savoir-faire en matière de gestion immobilière et tire une partie de ses revenus de la gestion de SCPI. MRM est en quelque sorte une recovery qui semble être bien orchestrée par le groupe Scor.

      Amicalement,
      Boris

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